mardi 24 octobre 2017

Monasterio de Santa Maria de Palazuelos : Une surprise à Cabezón de Pisuerga


A deux pas de Valladolid, la bourgade de Cabezon de Pisuerga, n’est pas, a priori, une étape touristique phare. Pourtant, comme la quasi totalité des villages de la région, rien que son patrimoine religieux permet un arrêt au voyageur curieux. Dolores m’y avait donné rendez-vous, au cours de mon dernier voyage, pour une visite guidée sur mesure du village. Le point d’orgue de cette étape fut la visite du monastère.
Les cisterciens ont laissé quelques grandes réalisations en Espagne, les plus connues sont peut-être en Catalogne, un véritable circuit touristique existe sur cette thématique au nord de Tarragone. J’ai eu l’occasion de visiter, enfant, le monastère de Poblet. Pourtant cette communauté a été largement implantée dans d’autres zones, je vous avais déjà emmené visiter les ruines de l’immense monastère de Moreruela non loin de Zamora. Arrivés au XIIe siècle dans la péninsule ibérique, les cisterciens construisent des grands monastères comme celui de las Huelgas à Burgos


Le monastère de Santa Maria de Palazuelos, qui nous intéresse dans cet article est achevé en 1254. Construit par l’entourage royal, enrichi après la victoire de las Navas de Tolosa, il reste un point d’intérêt pour la famille royale. Notons ainsi le passage de Charles Quint dans ces murs en 1556. Il reste de cette étape une trace on ne peut plus visible, un grand blason de l’empereur dans le chœur. Charles ne s’était pas égaré, mais passait là pour son dernier voyage en Espagne, puisqu’il se rendait au monastère de Yuste, sa dernière demeure. Son fils Philippe II y viendra aussi régulièrement. Quant à Philippe IV, au XVIIe siècle, il en fera, pour préparer une bataille contre les français, le lieu de réunion des troupes. A la fois protégé du roi et figure de proue de l’ordre en Castille, le monastère a donc joui pendant des siècles, d’une grande notoriété et d’une bonne protection. 

Tout allait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu’à la guerre d’Independence, encore. A peine plus d’un mois après les événements du deux mai, rappelez vous le monument en l’honneur des héros de Ségovie, Cabezon est le lieu d’une grande bataille, ce qui est rarement une bonne chose pour les monuments. Le 12 juin 1808, 9 000 français affrontent environ 5 000 espagnols qu’ils mettent rapidement en fuite. Le monastère est quant à lui incendié. La saisie des biens de l’Eglise dans les années 1830, comme souvent, achève de lui faire perdre toute fonction religieuse, il devient une grande exploitation agricole. Seule l’église survécut aux affres du temps. 




Eglise et monastère sont abandonnés et bientôt les seules personnes qui en poussent les portes, le font pour dégrader les lieux, les grisailles en gardent les stigmates. Au milieu des années 1990 un espoir renaît, la province de Valladolid veut y monter le musée du vin. Malheureusement, d’autres communes sont sur les rangs et c’est Penafiel qui obtiendra cette attraction. Il faudra attendre 2012 pour qu’à nouveau un projet aboutisse et que l’on commence à se soucier d’une réhabilitation des lieux. Aujourd’hui un programme de restauration et de réaménagement à été mis en place sur la période 2016-2020. On peut accéder certains jours au monastère pour le visiter, il est aussi lieu d’exposition et parfois de concert. Il faudra donc suivre avec attention l’évolution de ce site qui semble bien décidé à renaître.


A bientôt pour découvrir mes impressions sur la région à l’automne.  

RUCQUOI A., 2000, « Les cisterciens dans la Péninsule ibérique. Unanimité et diversité cisterciennes - Filiations - Réseaux - Relectures du XIIe au XVIIe siècle » Publications de l’Université de Saint-Etienne, pp.487-523

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