dimanche 13 novembre 2016

Le château de Ponferrada : Des templiers au football, les déboires inattendus



            Troisième étape de notre itinéraire au cœur des châteaux, Ponferrada, avec son fameux château des templiers. Au cœur de la ville, l’immense forteresse accueille touristes et pèlerins à l’entrée du centre-ville. C’est le premier monument que l’on découvre en faisant des recherches sur la ville, son symbole, ce qui lui permet, hors chemin de Compostelle, de drainer encore un peu de tourisme dans cette cité sinistrée par la crise. Allons le découvrir, car autant la bâtisse que les collections qu’il renferme valent le déplacement.

            Justement c’est le passage du chemin de Compostelle qui poussa le roi de León, aux XIIe siècle, à s’inquiéter de la sécurité des lieux. Il contacte alors l’ordre des templiers, pour qu’ils assurent la protection des fidèles en route pour la Galice. Mais la forteresse n’est guère prestigieuse et surtout pas suffisante pour la mission qui lui est attribuée. On s’attèle donc à l’agrandir. Mais je ne vous l’apprends pas, l’histoire des templiers finit mal, la chute est aussi brutale qu’ils étaient puissants. Un peu plus d’un siècle après avoir pris possession des lieux, les templiers voient leurs biens saisis.


Le roi ne tarde pas à trouver quelqu’un à récompenser, et son intendant devient le nouveau seigneur des lieux. Pedro Fernandez de Castro commence par agrandir le château, c’est la dernière partie que vous visiterez, le vieux château. Oui, le fameux château de templiers a depuis longtemps disparu sous les diverses reformes menées pas les nouveaux propriétaires, Pedro et tous ceux qui lui ont succédé. Le nouveau seigneur n’aura guère le temps de profiter de son bien, puisqu’il meurt sur un champ de bataille trois ans après avoir reçu le bâtiment. C’est sa fille, Juana, qui en hérite. Le château sert de base militaire à son oncle, qui y abrita jusqu’à 2 000 hommes. La forteresse aurait pu faire une belle carrière dans cette famille, mais Juana décède sans avoir eu d’enfants.

Les restes du château de Pedro 

Les rois finissent donc par récupérer la forteresse, Enrique choisit d’en faire cadeau à son fils. Bien mal lui en prit, puisqu’il fut contraint de la lui confisquer quelques années plus tard, pour rébellion. Comme bien des décennies plus tôt le bâtiment sert à récompenser un noble. Voilà maintenant la famille Manrique en possession des lieux. Ça ne durera pas et une autre noble lignée en prendra la propriété. Mais entre les décès, les bâtards et les remariages, les conflits de succession autour du bien s’accumulent. Quelques batailles plus tard et après avoir provoqué l’agacement de la couronne, tout le monde perd espoir de récupérer la forteresse que les Rois Catholiques décident de reprendre. Là il n’est plus question de plaisanter, on décide d’ajouter des tours et un pont levis pour en faire une place défensive digne de ce nom. Une famille de gouverneurs fut nommée à la tête de cette place.



Au XIXe siècle, la guerre d’indépendance eut raison du château qui fut bombardé par précaution, pour éviter ainsi son occupation par les troupes de Napoléon. Mais le temps fit son œuvre, et elle n’est pas toujours bonne, la forteresse perdit de son intérêt mais pas ses pierres qui furent récupérées pour d’autres constructions. Cette carrière de fortune commença à inquiéter l’Académie des Beaux-arts, mais la municipalité n’ayant pas beaucoup de conscience historique, préféra continuer à utiliser les lieux. L’espace de la cour intérieure fut notamment loué pour être mis en culture. Au début des années 1920, la situation n’a pas évolué, quoique si, un peu. A la place des cultures c’est un terrain de foot qui s’est installé dans la cour ! Est-ce cette nouvelle utilisation peu orthodoxe qui pousse les autorités à le déclarer monument national en 1924 ?


Mais, là encore, le temps passe et ce n’est qu’à partir des années 1950 que l’Etat prend les choses en main. Une première phase de restauration a lieu, qui s’apparente surtout à de la consolidation et consiste à renforcer l’accessibilité pour faciliter de nouveaux projets, d’où la rampe par laquelle nous arrivons aujourd’hui au château. Jusqu’à la réouverture en 1998, le château est soumis à des fouilles archéologiques en parallèle de cette longue restauration, qui commence par la destruction des maisons qui au fil du temps avaient pris appui sur le monument. Mais la réouverture ne signifie pas pour autant que les travaux sont finis. Le château, désormais propriété de la ville depuis 1997, continue à subir recherches et restaurations, et de courtes périodes de fermeture sont encore nécessaires, comme en 2007, avec des chantiers de fouilles qui permettent de découvrir de nouvelles structures et des objets, qui sont transférés au musée du Bierzo à deux pas de là.


En 2010 l’ouverture de l’exposition permanente, Templum libri à lieu. Si vous n’aimez pas les châteaux, c’est l’autre raison qui vous fera franchir les douves de celui de Ponferrada. Cette magnifique collection de fac-similés, permet de découvrir la richesse des ouvrages médiévaux au travers notamment de magnifiques livres d'heures. Anne de Bretagne, Saint Louis… Tous voient ces livres personnels exposés à nos yeux. Si ce ne sont pas les originaux, c’est néanmoins une chance de les avoir tous réunis. De toute façon vous avez très peu de chance de voir un jour les originaux alors si vous êtes de passage à Ponferrada, ouvrez grand vos yeux. Cette exposition est devenue un des plus grands atouts du château, qui a vu bondir son nombre de visiteurs depuis son ouverture.    




En 2015 le château a battu son record d’entrées en une journée, avec plus de 2000 visiteurs. En conséquence il a été décidé d’ouvrir sur une plage horaire plus importante la forteresse. La forteresse a encore mille possibilités pour s’améliorer et gagner des touristes, dont la ville a grandement besoin pour son économie. Venez vous aussi le découvrir, ses expositions sur la vie au Moyen-âge, la promenade sur ses remparts, l’exposition de manuscrits, vous trouverez forcément à vous plaire et à vous occuper pour un bon moment. Un dernier conseil, les audioguides sont de très bons accompagnateurs, et sont disponibles en français. Que ce soit une étape lors d’un retour d’un séjour en Galice, ou bien une pause sur le chemin de Compostelle, c’est une halte qui, j’en suis sure, vous séduira.


A bientôt pour un autre château du coté de Palencia.
  
Le travail est loin d'être terminé
SILVAN, « Febrero de 1924: la salvación del castillo de los Templarios » leonoticias, le 22 février 2014 [Disponible en ligne, consulté le 12 novembre 2016]


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