Comme
annoncé nous continuons notre série sur les châteaux, avec un monument, à deux
pas de Valladolid (7 km ).
J’ai bien failli ne pas pouvoir le visiter mais je reviendrai sur ce détail en
fin d’article pour qu’il ne vous arrive pas les mêmes mésaventures. Construit
au milieu d’un joli village, il n’est pas du tout comparable à d’autres
forteresses isolées comme j’ai pu vous en présenter, Gormaz par exemple. Ce
château appartient à l’école de Valladolid sur le plan architectural, dont on
peut souligner la forme carrée et l’énorme donjon qui dessinent ces silhouettes un peu déséquilibrées, flanquées de tours rondes.
De
même que le château de Valencia de Don Juan, présenté la semaine dernière, nous
avons face à nous une bâtisse du XVe siècle. En réalité la construction de la
forteresse avait débuté deux siècles auparavant, mais l’apparence actuelle est
plus conforme à celle prévue dans les années 1450. Elle est l’œuvre
d’un haut fonctionnaire de la couronne Alonso Perez de Vivero. Ce nom vous dit
peut-être quelque chose, c’est à lui aussi qu’on doit, en partie, le Palaciode los Vivero, où se marièrent les rois catholiques. Malheureusement cet homme
rend l’âme au cours de l’année 1453, largement aidé par un assassin… Son fils
conserve le château et ses ambitions. Durant toute la période moderne le
château passe des mains des nobles et celles de la couronne qui le confisque
régulièrement, mais qui n’a jamais l’occasion de le garder plus de quelques
décennies. Sous le règne de Charles Quint il est occupé par les troupes révoltées,
les comuneros. Mais ce n’est pas un point défensif, il ne souffre donc pas de ce
mouvement politique inabouti, qui pensait alors raser l’édifice. C’est bien
la seule fois qu’un projet avorté lui sauve la mise.
Finalement, non sans mal, l’édifice arrive
jusqu’au XXe siècle. Dans les années 1970, on envisage d’en faire un parador.
On restaure, on rénove, on remodèle, on ajoute un ascenseur. Le lieu fut aussi
vite inauguré que fermé, puisqu’il n’accueillit aucun touriste. Ce fut le
premier acte d’une réhabilitation difficile. Quand quelqu’un a demandé pourquoi
le projet n’avait pas abouti, durant la visite guidée, la guide nous a
simplement répondu « des histoires de politique ». Mais les travaux étaient faits, il fallait donc
bien trouver une utilité à la forteresse.
Visitez même les toits de château ! |
En 1983,
l’institution des Cortes de Castilla y Leon, propose une réutilisation de ce
bâtiment entièrement remis à neuf. Ses assemblées s’y tinrent jusqu’à tout
récemment, puisque les Cortes ne partirent qu’un quart de siècle plus tard, en
2007. Vous verrez ainsi pendant la visite la bibliothèque des Cortes,
entièrement vide aujourd’hui. Que faire alors ? Le projet du Parador
avait échoué, la récupération en
bâtiment administratif venait de s’achever, à nouveau il fallait lui trouver un
usage. Certains proposèrent de le retransformer en hôtel, mais le souvenir du parador
qui n’avait jamais ouvert avait laissé ses traces. Le bâtiment rouvrit ses portes
en 2012, comme centre touristique, pour présenter les alentours, centre de
réceptions, et lieu de cérémonie pour les mariages civils. Dans ce projet
encore plusieurs points ont été abandonnés comme la création d’un café. Désormais
inséré dans la longue liste des monuments visitables de la province, il a même accueilli le salon du tourisme provincial en 2014. L’hémicycle du conseil de Castille est
quant à lui resté en place puisqu’il est loué pour des conférences, permettant
un petit apport financier pour le château.
L'ancienne bibliothèque |
Je raconte
rarement mes anecdotes de voyage mais là j’y tiens. Si le château connut bien
des aléas, ma visite aussi faillit tourner court. Pour une fois que j’avais
largement vérifié les horaires et les conditions de visite, j’ai bien manqué de
perdre mon calme. Rien n’indique à l’entrée que les visites individuelles n’ont
lieu que l’après-midi (ouverture officielle à 10h), alors que seules les visites en
groupe sont possibles le matin, comme on l'apprend une fois sur place. A deux, nous ne formions
pas un groupe, pour des visites uniquement guidées. J’en suis ressortie dépitée,
j’allais partir de Valladolid sur une déception, bien qu’on m’ait gentiment dit
que je pourrai le visiter si je patientais durant quatre heures. Ma chance a été
qu’une famille de six personnes arrive alors que je faisais des photos à l’extérieur
avant de repartir. Comme elle est considérée comme un groupe, nous avons pu nous
y joindre. J’ai donc bien failli avoir faire le déplacement pour rien. Fuensaldaña
a un gros travail de communication à faire, pour ne pas décevoir les touristes
de passage dans ce petit village de cent habitants. La visite est à recommander uniquement aux personnes en bonne santé car les escaliers sont raides et
nombreux, et l’ascenseur ne sert pas pour les touristes. Néanmoins soulignons la grande amabilité de la guide.
La visite
est intéressante, le monument est vraiment bien restauré. Mais ne faîtes le
détour que si vous êtes assuré de pourvoir le visiter, la spontanéité n’est pas
de mise à Fuensaldaña.
A bientôt pour
d’autres châteaux
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