vendredi 7 octobre 2016

Villa de Almenara : 100 ans pour renaître aux yeux du monde


          Comme convenu, continuons notre série d’articles sur les villas romaines dans la région. Après avoir admiré les mosaïques de la Tejada dans la province de Palencia, allons découvrir, au sud de Valladolid une autre villa, dite Villa d’Olmedo, du nom de la localité voisine, ou de Almenara. C’est un site archéologique couplé avec un musée qui explique les différents aspects de la vie sociale, culturelle et économique de la villa. Mais commençons par la découverte archéologique.





            Sa découverte est bien plus ancienne que les deux autres villas de cette série. Il nous faut remonter en 1887 pour comprendre son histoire archéologique. Aureliano Fernández Guerra, écrivain et archéologue, dans un courrier à l’académie royale signale la découverte d’une mosaïque. Mais il ne semble pas qu’il soit donné suite à ce signalement, il faut donc attendre 1904 et les labours, pour quelques maigres découvertes. La grande période de fouilles doit attendre, un chercheur, Gratiniano Nieto, pour qu’on se penche sur le site en 1942. C’est à ce moment qu’on fait les premières grandes avancées.

Les fouilles vont avoir lieu plusieurs fois dans les décennies qui suivent, et le terrain acquis par la région est mis à l’abri des innovations techniques comme les moissonneuses batteuses. Dans les années 1970 des restaurations sur les mosaïques sont lancées. En 1982 on se questionne sur la nécessité de couvrir le site avec un bâtiment comme un hangar, mais la décision n’est pas prise immédiatement.  Jusqu’au début des années 1990 le site est étudié, et les archéologues au terme des multiples chantiers de fouille, qui finiront par s’étendre sur une zone 1500m², réussissent à établir un plan complet de la villa. On a dénombré 400 m² de mosaïques. Pas mal me direz-vous, mais c’est presque quatre fois moins qu’à la villa de la Olmeda que nous verrons la semaine prochaine. Le début des années 1990 voit les premières restaurations et les projets de conservation du site prendre forme.


Entre 1998 et 2002 un programme est mis en place qui aboutit à l’espace destiné au public aujourd’hui. C’est au cours de cet aménagement qu’une nouvelle mosaïque est mise au jour. Le musée a ouvert ses portes en 2003 et je dois bien dire qu’il n’a pas pris une ride. Il ambitionne d’être une référence dans la région et pourquoi pas au niveau national. Le projet a été récompensé par le prix « Europa Nostra ».



On peut diviser le centre en quatre parties. Pour commencer le musée, dont les audioguides disponibles en français sont un véritable atout, permet de comprendre le concept de villa romaine. Le tout est largement illustré, et nourri d’exemples locaux.  La deuxième partie est la visite, la villa elle-même, avec ses belles mosaïques, et les reconstitutions de murs plus ou moins réussies. Son plan est beaucoup plus classique que celui de la Tejada. La troisième partie est la villa reconstituée, mais que je n'ai pas visitée en entier, la présence d’un groupe la rendant assez lente. Mais c’est une étape intéressante surtout avec des enfants. Justement c’est à eux qu’on a pensé avec la quatrième partie, une aire de jeux thématiques autour du monde romain. Gros défaut, elle est en plein soleil, c’est pour ça que je ne l’ai observée que de loin. Mais sachez que cela peut permettre de négocier la visite avec les plus jeunes, qui pourraient sinon trouver le temps long…  





Quand je dis que le musée n’a pas pris une ride, il faut souligner qu’en treize ans il a connu des phases d’entretien régulières. Une première fois en 2012, le musée a fermé ses portes pour permettre de nombreuses améliorations, notamment pour les projections vidéos. Une deuxième fois l’hiver dernier, ce qui explique aussi qu’il m’est apparu sous une aussi jolie facette.        
J’ai vraiment apprécié cette visite et je la conseillerai sans hésiter à des amateurs d’histoire qui passeraient à deux pas, où en allant à Olmedo visiter le parc mudejar. Les explications sont très claires et complètes pour qui connaît mal le monde romain. En un mot une visite qui plaira à tout âge et à tout le monde, du visiteur néophyte à l’historien chevronné.
A bientôt pour découvrir la villa de la Olmeda.     



REGUERAS GRANDE Fernando, « La villa romana de almenara de adaja: más de un siglo de historia » Universidad de Valladolid, 2013

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