dimanche 30 août 2015

Maison du recteur : Salamanca et Unamuno, une histoire d'amour contrariée


         Retour à Salamanque, ça faisait longtemps n’est-ce pas ? Aujourd’hui je vous propose de découvrir avec moi une casa-museo que j’hésitais à visiter depuis plusieurs voyages, car les visites guidées ne sont pas ma tasse de thé. Direction la résidence du recteur de l’université de la ville, juste à côté de l’établissement. Prenez vos billets dans l’horrible machine dans l’entrée de l’université et sonnez à la porte de la casa museo Unamuno, où une visite débute toutes les heures.


                La maison fut construite au XVIIIe siècle, immédiatement destinée à accueillir les recteurs le temps de leur mandat. Le projet est l’œuvre d’Andrés García de Quiñones, architecte reconnu dans la ville puisqu’il qui travailla avec les célèbresChurriguera, et participa à la construction de la Plaza Mayor. Quatre ans de travaux furent nécessaires pour réaliser le bâtiment, qui fut terminé en 1762.



Unamuno y vécut de 1900 à 1914. Il était arrivé à Salamanque neuf ans plus tôt pour enseigner le grec, il avait alors vingt-sept ans. Son mandat de recteur fut brusquement interrompu à cause de ses opinions antimonarchistes. Après un long exil, loin de Salamanque, en partie dans les îles Canaries, il renvient prendre son poste en 1930. Mais ne réaménage pas dans la maison rectorale. Lors d’une cérémonie franquiste, le 12 octobre 1936, il prononce un discours où il s’oppose à toute forme de dictature, en particulier au mouvement nationaliste. L’agitation commence dans le public et Unamuno est menacé. La femme de Franco, présente, décide de le raccompagner elle-même pour éviter que l’incident ne dégénère. Quelque temps plus tard, Franco démet le recteur de ses fonctions, ainsi se termine le deuxième mandat du philosophe. Il décédera deux mois et demi plus tard, le 31 décembre 1936.  

Les aménagements commencèrent en 1952, notamment le rapatriement des meubles du recteur. La casa museo ouvre ses portes dès 1953. Peu à peu, le fond documentaire s’est constitué et il existe une salle de travail réservée aux personnes étudiant l’œuvre d’Unamuno. Vers 1995 une dernière réhabilitation a lieu pour permettre un meilleur accueil des visiteurs.  
                La bibliothèque du célèbre recteur dont il fit don en 1936, contient tout de même près de 6 000 volumes, avec lesquels voisine une autre passion moins connue du philosophe : ses origamis. On y trouve ses pliages qu’il affectionnait particulièrement, et si vous adorez, vous aussi, cet art je ne peux que vous recommander un saut hors de ma région de prédilection, à Saragosse, pour visiter le musée consacré à cet art.
                Cette visite est très intéressante, mais elle reste guidée, et je n’aime pas trop ça. En plus, tout étant en espagnol, si le début se comprend assez aisément, la suite peut-être compliquée. Pourtant le guide était très bien et fait beaucoup d’efforts pour se faire comprendre et répondre à toutes les questions des visiteurs. On va un peu trop vite alors qu'on aimerait s’arrêter pour admirer chaque pièce. Cette visite s’adresse à des personnes qui sont déjà intéressées par Unamuno et qui maîtrisent les grandes lignes de sa vie. Il me semble que dans l’idéal il faudrait alterner visite libre et guidée. D’ici 2018 des changements interviendront peut-être pour le 150eme anniversaire de la naissance du recteur. En tout cas si vous avez le temps cela est tout de même une belle découverte.
                   Bonne promenade dans la littérature espagnole 


ALAVAREZ VILLAR Julian, La Universidad de Salamanca, Ed.Universidad de Salamanca, 1 janvier 1993

ANDRE Marcel, Miguel de Unamuno, l’Espagne et la modernité Book.fr, 8 février 2013 [Disponible en ligne, consulté le 26 août 2015]

MARIANO Peset, « Unamuno, rector de Salamanca » Bulletin Hispanique Tome 104, N°2, 2002. pp. 883-904 [Disponible en ligne, consulté le 26 août 2015]

UNIVERSIDAD DE SALAMANCA, «BOE - Resolución de la Universidad de Salamanca por la que se hacen públicas las adjudicaciones definitivas de los contratos que se indican» núm. 201, 23 août 1995 [Disponible en ligne, consulté le 26 août 2015]









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