vendredi 26 juin 2015

Rendez-vous avec... Ana, transmettre Valladolid

Photo d'Ana, près d’installations provisoires
pour une fête à Penafiel 

            C’est par une belle après-midi de juin qu’Ana et moi avons convenu de réaliser l’interview. Installées autour d’un café, nous nous envolons déjà pour l’Espagne, avec quelques semaines d’avance sur les vacances. Plus âgée qu’Helena (relisez son interview ici), ce n’est pas à la recherche d’un travail qu’elle est venue en France mais déjà employée dans une entreprise qui lui proposa un poste en France. Nous sommes en 2003 quand elle arrive, l’été de la canicule, loin de sa Valladolid natale. C’est là-bas qu’elle avait appris le français, dans l’école tenue par les sœurs du Rosaire, « Les françaises ». Cela a-t-il un lien avec le passage « las Francesas » devenu galeries commerciales ? Oui c’est ici qu’était l’école autrefois, tenue par des religieuses françaises. Ainsi, nous allons cheminer le long de cette interview de coups de cœur en souvenirs.


Ancien cloître de l'école des Françaises

            Inévitable première question, quelle est sa ville préférée, elle hésite, la réponse est loin d’être évidente. A part Valladolid, elle apprécie la ville dont est originaire sa mère, Ségovie. Mais elle n’y a passé que peu de temps, c’est peut-être parce qu’elle y a été récemment que ce nom lui vient immédiatement. Comme elle n’arrive pas à trancher, je lui demande celle qu’elle conseillerait aux voyageurs, c’est Salamanque qui remporte son adhésion. Pour elle un touriste pourra s’y retrouver, immédiatement, aller de découverte en découverte sans que l’on eut à le guider. A l’inverse, elle estime qu’un voyageur à Valladolid a plus besoin d’être guidé, conseillé, sinon il risque de ne pas saisir la richesse de la ville et de dire qu’il n’y a rien… Il est vrai que sa ville est moins touristique que la célèbre Salamanque et que les monuments sont plus disséminés.  

San Pablo

            A-t-elle un monument préféré dans la région ? Pas vraiment, elle aime bien la façade de San Pablo, elle la trouve impressionnante, ça me rappelle, au passage, que ce monument plateresque n’a toujours pas eu les faveurs du blog. Ma question traîtresse arrive alors, un monument pour symboliser la région ? Elle pressent la réponse que beaucoup donneraient, l’aqueducde Ségovie. Mais pour elle ça ne représente pas sa région. On se creuse les méninges ensemble, les églises ? Pas vraiment non plus. Les châteaux peut-être alors. Cela lui permet d’évoquer « son château », comme elle dit, Simancas. Elle a passé des étés dans le village, dominé par la silhouette du monument dont je vous avais parlé au cours d’un article. Elle me parle alors d’une tradition locale et d’une légende, celle des sept pucelles de Simancas, je vous en parlerai bientôt dans un article, car cela serait trop long à expliquer ici. Comme nous en sommes à parler de sa jeunesse, remontons le temps, plusieurs fois au cours de l’interview nous avons mentionné le Campo Grande de Valladolid. Elle y a beaucoup de souvenirs d’enfance, et a eu plaisir à le faire découvrir à ses filles quand elle les a emmenées en Espagne. Ce qui l’a marqué dans ce parc ? Les paons évidemment ! Ce n’est peut-être pas pour rien qu’elle en a adoptés quelques-uns récemment dans sa ferme. Pour en terminer sur les symboles, à n’en pas douter pour Valladolid, la Antigua arrive en tête.

Quand les filles d'Ana rencontrent les paons de Valladolid. 

            La deuxième partie de l’interview porte sur la perception de la Castilla y Léon de la part des français. La réponse correspond à celle qu’on m’a déjà donnée précédemment, ils ne connaissent pas. Pour situer sa ville, quand on lui demande d’où elle vient, Ana a une réponse toute faîte « entre Madrid et le Pays Basque ». Quoique, serait-elle mauvaise langue ? En effet ils ont déjà entendu parler de sa ville, ils lui citent souvent La controverse de Valladolid, elle se demande bien ce que c’est. Je lui fournis donc l’explication sur la pièce et le film, faisant appel à mes cours de français en seconde. A part ça, sa ville est souvent inconnue de ses amis français, à part les panneaux sur l’autoroute, quand ils vont au Portugal, comme nous l’avait déjà dit une des interviewées.

« Les Français lui citent souvent La controverse de Valladolid »

            Comment donner envie aux français de découvrir cette région ? Ana voudrait parler d’une région vivante, de ses villes animées, il n’y a pas que le soleil et la mer en Espagne tout de même. Tout à coup il lui vient une idée, ce qu’il faut voir c’est la Semaine Sainte, pour elle « c’est obligatoire ». Il est peut-être là notre symbole que nous cherchions tout à l’heure. Je sens toute l’importance que cette fête a pour elle, quand elle en parle, elle me raconte les gens qui se mettent à pleurer quand la pluie empêche de sortir les statues des églises. Elle me suggère non seulement de prévoir un voyage pour cette occasion mais aussi en hiver, pour découvrir la région à la période de Noël. Elle me rappelle au passage que chez eux les rois mages ont longtemps dominé les festivités. A voir, selon Ana, à cette période les expositions de crèches au Monasterio del Prado, en 2009 il a notamment accueilli celle du musée oriental de León dont je vous parlais récemment.

La grande crèche du musée oriental, un exemple des plus belles réalisations du genre

            Dans sa ville Ana vous conseille un détour par le Viejo Coso, qu’elle a eu bien du mal à retrouver une fois, et de continuer votre promenade par la calle Santo Domingo de Guzmán, particulièrement agréable en été de par sa fraicheur. Elle s’interroge sur les projets autour de la plage de Valladolid. (Comment ça je ne vous avais pas dit qu’il y avait une plage dans la ville ? Eh bien, cher lecteur, voilà une erreur de réparée). Attendons de voir ce que la nouvelle municipalité, de gauche, proposera comme projet à son tour, apparemment et depuis fort longtemps, la plage de la ville a toujours été l’objet de beaucoup de plans d’aménagement. Des idées de visite à l’extérieur de Valladolid, elle nous en laisse aussi : Wamba et son ossuaire, ainsi que le village d’Urueña à la muraille bien conservée. Petite note de la part d’Ana « c’est un village médiéval très actif culturellement avec le centre ethnographique Joaquin Díaz et des nombreux musées très intéressants comme celui des instruments du monde, le musée des coches et depuis 1975 Ville du Livre». Quant à moi, je lui ai donné envie de pousser la porte de l’étonnante église de la Place d’Espagne.
            Nous nous quittons après une jolie après-midi où nous avons toutes les deux partagé notre vision de cette région de l’Espagne, avec la promesse de se faire signe si je passe près de Valladolid cet été.   

            Les conseils d’Ana :
-          Allez obligatoirement voir la Semaine Sainte dans la région
-          Découvrir la région durant la période de Noël
-      Ne ratez pas le Viejo Coso et continuez la promenade dans la calle Santo Domingo de Guzmán
-   Passez au petit musée des sciences naturelles, trop souvent désert, pour une visite dans sa muséographie à l'ancienne. 
   
Propos recueillis le 21 juin 2015 à Nantes par Isabelle Aubin auprès d’Ana Lopez 
             



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