mardi 7 octobre 2014

Le musée militaire : une mémoire douloureuse



            Il est vrai que, quand Burgos fut en vue, cette année je ne m’attendais pas à y faire de grandes découvertes. Je ne me targuerais pas de tout connaître dans la ville, mais je pensais avoir fait le tour des visites touristiques. Ceux d’entre vous qui ont lu mon bilan d’été savent que je me trompais fortement. En effet, à peine la voiture garée, une grande affiche me rassura, elle annonçait l’ouverture du musée militaire. Je devrais en fait dire la réouverture, explication.



En effet le musée a déménagé, de la même manière que le musée provincial de Leon par exemple. Installé dans l’académie des ingénieurs de l’armée, à Burgos, depuis son ouverture en 1987, le musée proposait une importante collection dans ce vaste espace. Il fut complété par des collections privées au fil des années. 
            En mai 2014 le palais de la capitainerie accueille donc le nouveau musée militaire suite à un accord entre l’armée et la mairie de Burgos annoncé en octobre de l’année précédente. Il était temps, car l’idée traînait dans les tiroirs depuis la fin des années 2000.  On ramène ainsi le musée au centre de la ville et on remet en valeur un élément important du patrimoine.

Ingenio de cifra claves norte, siglo XX
            Parlons de ce Palais de la Capitainerie. On pourrait croire à un bâtiment ancien de plusieurs siècles, ou au moins du XIXe. Il n’en est rien, la municipalité de Burgos décide de raser le bâtiment d’origine en 1903 pour en bâtir un nouveau afin d' abriter la capitainerie qui est une institution vieille de plusieurs dizaines d’années déjà dans la ville. Adieu donc le palais du XVIe siècle qui se trouvait là. Les travaux débutent dès 1904 en suivant les plans dessinés par Saturnino Martínez Ruiz . Après trois ans de travail le nouveau bâtiment ouvre ses portes. On y retrouve un style néogothique, dont sont friands les artistes de l’époque, qui l’utilisent avec plus on moins d’originalité, comparez donc avec le travail de Gaudi à Astorga. En 1936, Franco y constitue le gouvernement de défense nationale. Le bâtiment gardera une importance militaire tout au long du siècle et aujourd’hui encore puisqu’il sert de Comandicia militar de Burgos. En 2010 suite à la loi sur la mémoire qui régit la disparition des symboles du franquisme, on retire les deux plaques, qui sur le palais, avait été apposées en hommage à Emilio Mola et Francisco Franco. Cette mémoire provoque toujours un débat très violent comme je vous l’avais signalé avec le cas de la vallée de Los Caïdos. Le palais de la capitainerie a profité d’un ravalement lors de la transformation de son rez-de-chaussée en musée.     
La collection d’armes n’est pas encore totalement arrivée durant l’été 2014, mais le transfert est en cours et une nouvelle salle d’exposition est déjà prévue.  En effet cette partie de la collection fait la fierté du musée, ils ont notamment un fusil de chasse du roi Alphonse XIII. Les étendards de différentes unités sont particulièrement précieux pour le musée. Si l’espace du musée s’est amoindri, l’organisation y serait beaucoup plus rationnelle. La collection de soldats de plomb est peut-être ce qui vaut le plus d’être vu dans le musée, on pourrait passer longtemps à admirer la finesse de chacun de ces petits hommes, notre œil parcourant les régiments, qui défilent devant les monuments de la ville. Bien sûr, ce musée à plusieurs facettes, celui des avancées techniques, de l'ingéniosité de l'homme et puis la douleur physique de la guerre qu'expriment les instruments du médecin, mais aussi la contrainte terrible qui repose sur les hommes, évoquée par les outils qui permettaient le tirage au sort des conscrits.

Afuste, siglo XV

            Cette visite est vraiment intéressante et surtout prometteuse. 2014 fut l'année de la mise en valeur de ce magnifique palais ainsi que la remise sur le devant la scène du musée militaire. Celui-ci va s’agrandir et je pense que cela vaudra vraiment le coup de revenir le visiter dans quelque temps. Peut-être cette visite vous donnera-t-elle envie, si ce n’est pas déjà fait, de partir découvrir le château de Burgos dont une maquette est visible dans le musée.
            Bonne visite de la ville. 

Le château

Défilé des soldats de plomb 




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