dimanche 30 avril 2017

Las Medulas : Patrimoine naturel ?


          Si la ville est plus mon espace de prédilection, je vous emmène aujourd’hui en pleine nature, à las Medulas, près de Ponferrada, un site inscrit au patrimoine mondial de l’humanité. Paysage naturel ? Pas tout à fait en réalité, car ses formes étonnantes sont le fruit d’une activité industrielle et minière. Attendez ! Oubliez les machines à vapeur et le charbon, quand je parle d’activité industrielle, je vous parle non pas de Germinal mais de l’Empire Romain. Quelques explications s’imposent, suivez-moi.    



            Les guerres d’Auguste intègrent cette zone géographique à l’Empire, et avec, les vastes richesses de son sol. L’installation de l’administration et de l’armée romaine permet le développement du commerce et de l’industrie de las Médulas. Rappelez vous nous avions déjà parlé de l’installation des troupes romaines à León dans l’article consacré à la colonne commémorative. Revenons-en à las Medulas, qui sont bien connues des historiens par les textes de Pline l’ancien par exemple. Mais que peut bien savoir l’auteur romain sur ce qui se passe dans des mines au Nord-Ouest de l’Espagne ? Il y passa quelque temps lors de ses pérégrinations dans l’empire, comme administrateur. Des milliers d’hommes (entre 20 000 et 60 000 selon les estimations) auront travaillé en tout sur ce site, où c’est la connaissance des systèmes hydrauliques qui va permettre d’extraire les minerais dans cette zone. 


          L’eau acheminée sur place est ensuite envoyée dans les galeries, creusées préalablement et la force du courant permet de provoquer l’effondrement de la roche qui est ensuite triée, et on retire au mieux 7 grammes d’or par tonne de roche. Vous vous doutez que pour un rendement aussi faible, on a plutôt eu recours à des esclaves, ou peut-être des condamnés pour procéder à des économies[1]. Je vous renvoie aussi aux travaux de Claude Domergue si le sujet vous passionne[2]. Peu à peu donc les pics se dessinent et le paysage est façonné par ces effondrements. Pendant près de trois siècles le site va être exploité.


            Le site de la Médulas, rendu à la nature, est resté relativement à l’abri et les végétaux s’y sont développés. On y trouve aujourd’hui énormément de châtaigniers, qui permettent d’importantes récoltes dans la vallée. Le destin du site bascule en 1997 quand il est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Bien qu’il y ait eu quelques oppositions, certains percevaient cela comme la mise en valeur d’un site naturel abîmé par l’homme, cette inscription a permis une vraie promotion du site. Victime de son succès, vingt-ans après, la question de limiter l’accès au site se pose. Le bien être des habitants est mis en avant, mais finalement aucune idée n’est pour l’instant mise en projet. Une seule conclusion semble être retenue, la nécessité de limiter l’accès des véhicules individuels. 
            

            L’avantage de cette visite c’est que vous mettrez d’accord les amateurs du tourisme vert, les randonneurs du dimanche, les passionnés d’histoire. Plusieurs petits circuits sont possibles en fonction de vos capacités de marche. Montez au point de vue principal, il vaut vraiment le coup.  Un arrêt à la Casa del Parque est fortement recommandé pour comprendre l'histoire et l’écosystème du site. De plus le personnel est particulièrement aimable et de bon conseil pour votre visite. J’espère que ce petit article vous donnera envie de partir à la découverte de ce lieu à part, aux couleurs des canyons américains. N’oubliez pas casquette et crème solaire car il peut vraiment y faire très chaud.


            A bientôt pour une nouvelle visite, en intérieur cette fois ci.     




[1] NONI D.,  « Chapitre III : Les provinces hispaniques », Revue de l'OFCE, vol. 107, no. 4, 2008, pp. 157-174.
[2] DOMERGUE C. « L'eau dans les mines d'or romaines du Nord-Ouest de l'Espagne » In: L’Homme et l’Eau en Méditerranée et au Proche-Orient. 1986. pp. 109-119. 

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