Monastère de San Francisco : Que peut-il espérer ?

Notre série sur le patrimoine en danger continue à Burgos. Je passais devant les ruines, dont je vais vous parler aujourd’hui, chaque fois que j’arrivais dans la ville. Je me promettais de venir les voir, mon séjour passait, et je les oubliais. Cette année, sixième voyage tout de même, j’ai pensé à partir découvrir de près les restes de ce monument, dont je devinais seulement qu’il avait un sens religieux. Mais ces ruines évoquent bien plus qu’une petite église, car pendant des siècles s’est dressé ici un monastère de grande ampleur, celui de San Francisco. 

On aime à dire qu’il aurait été fondé par le saint dont il porte le nom quand il fit un pèlerinage à Saint Jacques de Compostelle... Belle histoire, mais les certitudes historiques sont loin d’être affirmées quant à une fondation authentique par le Saint d’Assise. Quoi qu’il en soit l’installation du monastère à cet emplacement se fit courant XIIIe siècle. Durant leur règne les rois catholiques transformèrent en partie le couvent en archives.

La vie tranquille du couvent, des nobles sépultures qu’il abritait fut bouleversée par les troupes, françaises et anglaises, durant la guerre d’indépendance. Les uns le saccagèrent, les autres le bombardèrent… Le retour des franciscains dans les vestiges de leur monastère incendié fut de courte durée, au regard de sa longue histoire, moins d’une quinzaine d’années. En effet en 1836, la saisie des biens ecclésiastiques frappe de plein fouet les lieux, plus jamais ils ne retrouveront une vocation religieuse. Les bâtiments sont donc confisqués par le gouvernement, j’ai récemment consacré un dossier du mois au désamortissement si vous souhaitez en savoir plus. Burgos est une ville militairement importante, on ne s’étonne pas que le convent fut transformé en caserne.

En 1972 la ville se voit attribuer, par le ministère de la défense, la propriété du monument, un « cadeau » bien encombrant. La mairie ne lui trouva pas vraiment d’usage fixe, et le temps continua son œuvre sur les ruines. Aujourd’hui les vestiges apparaissent sur la liste rouge du patrimoine. Il y a une quinzaine de jours, le 7 octobre 2015, de nouvelles pierres du monument sont tombées. Mais que faire, que peut-on encore sauver de ces ruines ? Je n’ai pas de réponse, je ne sais pas ce qu’il est possible d’en faire, si les lieux peuvent être exploités d’une façon ou d’une autre. Pour l’instant seuls les graffitis et les interventions des pompiers, rappellent qu’il existe, terrible destin pour un monument qui aurait eu tant à nous dire.

Bien sûr ce détour n’intéressera que peu de touristes, qu’y a-t-il à voir finalement ? Considérons le plutôt comme lieu de pèlerinage pour les fervents défenseurs du patrimoine, un avertissement de ce qui pourrait bien arriver à d’autres monuments si nous n’en prenons pas plus soin.
A bientôt

« Alerta roja en San Francisco » Diario de Burgos.es, le 7 octobre 2015 [Disponible en ligne, consulté le 18 octobre 2015]

« Convento de San Francisco » Fiche issue de listarojapatrimonio.org [Disponible en ligne, consulté le 19 octobre 2015]